Femmes du Rajasthan, Ombre et lumière

Radieuses, parées et colorées, les femmes du Rajasthan semblent des princesses de rêve. Gracieuses, belles et souriantes, elles sont un monde de lumière, une lumière si vive qu'on en oublie qu'elle brille dans l'ombre d'une vie où les devoirs priment souvent les droits. En six chapitres qui évoquent, du rêve à la réalité, le quotidien des femmes du Rajasthan, ce livre associe à leur portrait sans fard et aux scènes de la vie rurale quelque deux mille ans de poésie indienne. Tagore et douze autres poètes indiens s'expriment par ce jeu de miroirs sur la vie des femmes d'aujourd'hui.
Femmes du Rajasthan : Kodda, 2013, relié, 228 pages, 22cm x 22cm, 25 euros
Poèmes indiens (extraits)

 

Si ma vie n'était qu'une pierre qui brille,

je la briserais en cent morceaux,

dont je ferais un collier

qui ornerait ton cou.

 

Si ma vie n'était qu'une fleur,

petite et ronde et odorante,

je la détacherais de sa tige

pour la glisser dans tes cheveux.

 

Tagore / The Gardener  (traduction Eric Sellato)

 

                          *  *  *  *

 

Tu es la terre, tu es le ciel,

tu es l’air, le jour et la nuit ;

tu es le blé et le bois de santal,

tu es les fleurs et tu es l’eau.

 

Puisque tu es cela et tout le reste,

à toi quelle offrande puis-je faire ?

 

Lal Ded  (traduction Eric Sellato)

 

                          *  *  *  *

 

Quand les deux sœurs vont puiser de l’eau,

elles viennent ici et elles sourient.

Sans doute, elles ont compris

qu’il y a quelqu’un derrière les arbres

chaque fois qu’elles vont puiser de l’eau.

 

Les deux sœurs parlent tout bas

entre elles en passant par ici.

Sans doute, elles ont deviné le secret

de qui est là derrière les arbres

chaque fois qu’elles vont puiser de l’eau.

 

Leurs cruches soudainement vacillent,

et l’eau déborde quand elles arrivent ici.

Sans doute, elles ont découvert

que bat un cœur derrière les arbres

chaque fois qu’elles vont puiser de l’eau.

 

Les deux sœurs échangent des regards

quand elles viennent ici, et elles sourient.

Il y a des rires dans leurs pieds légers

qui troublent une âme derrière les arbres

chaque fois qu’elles vont puiser de l’eau.

 

Tagore / The Gardener  (traduction Eric Sellato)

 

                          *  *  *  *

 

Tourbillon d’incertitudes,

foyer d’impertinence,

cité d’inconscience, agrégat de péchés,

demeure de cent fourberies,

champ de suspicion, plein panier d’impostures,

impénétrable aux plus éminents des hommes,

en un mot, cette mécanique appelée femme,

ce poison mêlé d’ambroisie,

qui l’a créée ici-bas au mépris de la loi ?

 

Pancatantra  (traduction Eric Sellato)

 

voir aussi l'article de Patryck Froissart dans La Cause Littéraire (rubrique Actualités)